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LES PUBLICATIONS DE BERNARD MOREL
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LES PUBLICATIONS DE BERNARD MOREL
30 juin 2009

C.A.P. d'AJUSTEUR

SOIXANTE ANS  DÉJÀ : - JUIN 1949 -

LA RÉUSSITE A MON C.A.P. d'AJUSTEUR

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     Il est des dates anniversaires qui marquent notre vie. Les faire revivre soixante ans après, nous ravive de bien épiques souvenirs nostalgiques sur ladite période ! Ainsi, à la fin juin 1949, puis au début de juillet, deux dates importantes vont sceller ma destinée professionnelle durablement. Et pourtant, je n'ai que 16 1/2 ans et j'ai déjà été confronté à bien des injustices de la vie ?

Neufmesnil_ch_teau

Le Centre Public d'Apprentissage de Neufmesnil

     Au cours de ma prime jeunesse et aux dires de mes Maîtres, je m'affiche comme un très bon élève dans toutes les disciplines scolaires et sportives et tous gagent de ma réussite certaine dans des études secondaires. Hélas, les modestes ressources financières parentales en décideront tout autrement. Mes braves parents ne peuvent supporter les dépenses d'internat au Collège Ango de Dieppe (actuel lycée) et m'orientent vers le Centre Public d'apprentissage de Neufmesnil - Offranville. J'y accomplirai trois années d'apprentissage en qualité d'élève ajusteur, amputées de quelques mois avec le décès de mon père au cours de la seconde année. En effet, à l'âge de quinze ans, je deviens orphelin et par voie de conséquence "Chef de famille" d'une fratrie de quatre enfants, dont trois soeurs. J'arrête les études pour accomplir les travaux agricoles, aider sérieusement ma mère et faire les travaux des champs. C'est sur insistance du Directeur et d'un groupe de professeurs que je réintègrerai le C.P.A. au cours du mois de juin 1948. Deux pénalisations qui me marqueront à vie, dont bien évidemment la terrible épreuve de perdre mon attachant père ! Une douleur indélébile qui me poursuivra toute mon existence.

Neufmesnil_Bernard

Les élèves ajusteurs : Bernard Morel - Michel Sorel - Jean Wattebled scolarisés de 1946 à 1949

Réalisation de C.P.A. NEUFMESNIL en ajustage

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     Un an s'est écoulé depuis ma réintégration dans la section d'ajustage et j'alterne entre des études sérieuses au Centre et l'accomplissement de travaux agricoles au cours des week-ends. De bons résultats sont enregistrés en atelier, comme dans les matières de l'enseignement général et technologique. Les professeurs sont assurés de mon succès, sauf un accident notoire imprévisible. A cette époque, l'année scolaire ne prend fin qu'au 14 juillet et la session des examens se déroule à la fin juin. Au cours de la dernière semaine nous sommes convoqués à l'Emulation Dieppoise pour subir les dites épreuves. Elles commencent le mardi 27 par les épreuves pratiques. Je me souviens encore de la réalisation d'une queue d'aronde en 3 pièces et formant un T renversé. La pièce femelle formant la base était d'une seule pièce. Quant à la pièce mâle, elle était constituée de deux 1/2 queue d'aronde symétriques et son ajustement devait permettre leur interchangeabilité. Bref, un travail de minutie qui ne tôlérait nullement l'à peu près, mais qui exigeait, à contrario, beaucoup de précision raffinée. Le mercredi matin se trouvait réservé à l'épreuve de dessin industriel sur une durée de quatre heures. Enfin, toute la journée du jeudi 29 juin etait consacrée aux épreuves générales et technologiques. Les résultats n'étaient publiés que tardivement en début de soirée ! L'attente nous parut interminable et les esprits commençaient sérieusement à s'impatienter, voire à s'angoisser passablement. 

   Quel ouf de soulagement lorsque apparut le directeur pour proclamer les résultats. Je me souviens encore du moment précis où mon nom fut prononcé et le soulagement que cela générait dans mon être intérieur ! Mes pensées allaient vers ma brave mère qui sera toute comblée à l'annonce du résultat et vers le regretté défunt qui aurait été si fier de partager ces instants de bonheur. Heureux, je l'étais..., mais je contenais discrètement ma satisfaction, en regard de mes camarades qui s'en trouvaient privés. Un peu plus tard, nous pouvions enfin découvrir l'authenticité des résultats par la voie de l'affichage !

     Dans le même esprit, je revois mon retour à la maison paternelle et les signes positifs que je ferai à ma famille depuis la route avant de sombrer en larmes de joie dans les bras de ma chère mère. Alors que nous n'avions jamais connu l'existence d'un poste T.S.F. jusqu'en juin 1949, ma mère nous promettait d'en acquérir un prochainement pous sanctionner cette réussite. Ainsi, c'est au cours du mois de juillet que nous allions connaître les petites merveilles d'un poste T.S.F. miniature. Cette nouveauté dans notre cercle familial très uni me marquera ma vie durant ! Mais le mois de juillet 1949 reste une date très importante puisque ce sera également mon entrée dans la vie professionnelle.

Mon premier emploi chez Monsieur Marcel HAUGUEL

Une expérience fugitive de deux mois

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    Depuis quelques temps et bien avant mes examens, je m'étais préoccupé de trouver un emploi pour commencer à travailler dès le début juillet 1949. M. Marcel Hauguel était l'un des meilleurs amis de mon père et avant son décès, il lui avait promis qu'il me prendrait dans ses ateliers de réparation de la machine agricole. Une promesse qu'il a tenue et c'est avec un peu d'appréhension que je fais mes débuts dans la profession le lundi 03 juillet 1949. Après la visite d'usage des ateliers et la présentation du personnel, il me faut bien me lancer dans l'aventure professionnelle. C'est la fin de la récolte des foins et le début de la période de la moisson, et les ouvriers ne chôment pas. Chacun a ses propres tâches dans la réparation, l'entretien et le dépannage en plaine et il s'active à les accomplir au mieux. Inexpérimenté, je me vois confier des travaux bien précis à l'atelier, dont ceux de tournage. Le chef d'atelier M. Kléber Ouvry est chargé d'assurer sa tutelle sur le jeune diplômé et m'initier aux rites de l'atelier. A ses côtés se trouve un excellent professionnel M. Robert Noël qui me sera d'un précieux secours. Il vit toujours et a plus de 90 ans. J'en profite pour lui rappeler mon meilleur et amical souvenir. D'autres complètent l'équipe et je me dois de les citer, tant ils m'ont été des alliés sympathiques. Le plus âgé est P'tit Louis Vallée et apparaît comme une figure légendaire de Luneray. Deux menuisiers - charrons exercent et réparent dans leurs spécialités. Deux salariés bien appréciés en les personnes de M. Gustave Levillain et mon ami de jeunesse Yves Sénécal. Un autre ouvrier mécanicien Maurice Lemercier complète l'équipe et assure surtout les travaux de dépannage en plaine.

     Durant les mois de juillet et août, ce sont des travaux intensifs qu'il faut assumer pour assurer les récoltes dans de bonnes conditions et tout le monde est sur le pied de guerre. Je deviens le "spécialiste" des changements de sections des lames de fauchage. A l'évidence, je perçois très rapidement que ce n'est pas la voie dans laquelle je ferai carrière et m'en confie à ma mère. En effet, il y a un décalage énorme entre ma formation d'ajusteur et l'exercice en atelier de réparation de la machine agricole. Néanmoins, deux mois bénéfiques qui m'auront permis de mettre "le pied à l'étrier" dans la grande aventure professionnelle..., qui se prolongera jusqu'au 06 septembre 1993..., soit un peu plus de quarante quatre années d'expérience à multiples rebondissements !

Mon second emploi aux Etablissements LEREBOURS à BRACHY

Une aventure enrichissante et positive sur cinq bonnes années

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Le tissage du Val Vernier - Etablissements Lerebours à Brachy

     Très discrétement, je m'active à la recherche d'un autre job correspondant plus à mes aptitudes professionnelles. Je démarche près de M. Henri Raine, contremaître du service entretien des Ets Lerebours à Brachy. L'homme est attachant et sa réponse positive d'embauche me parvient pour commencer le jeudi 1er septembre 1949 au  tissage du Val Vernier. Cette usine est rayonnante d'activité et emploie deux cents cinquante salariés. Elle a bonne réputation et l'ambiance générale est plutôt conviviale. Très vite, je constate que "les gars de la forge", comme nous sommes dénommés, occupent une place appréciée en regard de nos rapides et incessantes réparations.

Bernard_Brachy_copains

     Au total, ce sont plus de sept années agréables passées dans ce service d'entretien à Brachy. Bien sûr, elles seront amputées de près de deux ans pour accomplir mon Service militaire et mon rappel sous les drapeaux pour la guerre du Maroc. A terme, elles m'apparaîtront comme extrêmement profitables, pour en conserver le meilleur des souvenirs professionnels. Une expérience extraordinaire qui outre ma fonction d'ajusteur, m'aura permis l'ouverture vers de multiples orientations parallèles (forge - soudures au chalumeau et à l'arc - brasures - électricité - dépannages divers etc.) et notamment d'approfondir ma formation de tourneur commencée au C.P.A. Neufmesnil.

Une seconde réussite : Mon C.A.P. de Tourneur - Juin 1950

     Ainsi en juin 1950, je me présente au C.A.P. de Tourneur en candidat libre, pour le réussir correctement, à la totale satisfaction de la direction des Ets Lerebours. Mon ami Pierre Fournier est le tourneur attitré. Toutefois, il me laisse souvent les commandes d'un bon tour et m'initie aux compléments de formation de tourneur. Avec son aide, j'apprends la réalisation des filetages intérieurs et extérieurs. Lors des inscriptions à la session de juin en candidat tourneur, je doute bien évidemment sur mes chances de succès. Quelques appréhensions naissent dans mon esprit, mais elles alternent avec une relative confiance puisque les épreuves générales, technologiques et de dessin industriel sont communes a celles du C.A.P. d'ajusteur. Bref, des épreuves pratiques qui s'effectuent sur des tours modernes des Etablissements Vendeuvre à Dieppe et les autres au Centre d'examen de l'Emulation Dieppoise. Une seconde joie intérieure et discrète à la fois m'atteindra au fond du coeur lorsque j'entendrai mon nom au cours de la proclamation des résultats. Ainsi va la vie et à peine âgé de 17 1/2 ans, je constate que je me suis déjà confronté à trois expériences d'examen en y adjoignant la brillante réussite à mon Certificat d'Etudes Primaires en juin 1946 !

     Mais de cette expérience professionnelle enrichissante dans cette usine modèle de l'époque, c'est assurément ma formation pratique en électricité générale avec l'aide de mon brave contremaître Henri. Quant à la partie théorique, ma passion pour cette nouvelle discipline et mes aptitudes à bien assimiler les cours m'autoriseront les plus grandes espérances pour un proche avenir, certes tout à fait différent ! Aussi, dès l'année 1950, je me verrai exercer la fonction d'électricien de service et jusqu'à mon départ en 1956. Outre la nouvelle responsabilité qui m'incombe et dont je suis pleinement conscient, ça me donne alors l'avantage de faire les quarts soit du matin, soit de l'après-midi. Dès lors, je peux consacrer mon temps libre aux travaux de restauration de la fermette ou à ceux agricoles en venant en aide à ma mère. Une riche période bénéfique pour tous !

Ma troisième expérience qui se prolonge dans la durée : Une carrière d'enseignant dans l'Education nationale

     En effet, en octobre 1956, je quitte avec beaucoup de regrets cette usine qui m'est chère, pour embrasser la carrière d'enseignant dans l'Enseignement Technique et au service de l'Education nationale ! A l'âge de 23 ans, une autre belle aventure va bientôt commencer pour se prolonger durant 37 années. Durant cette longue période, il me faudra passer de nouveaux concours pour devenir titulaire de la Fonction publique !

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Mon dernier bureau de Proviseur au Lycée du Golf en 1993

Une carrière linéaire qui débutera en qualité de Professeur Technique en mécanique générale pendant huit années. Elle se prolongera comme Chef de Travaux durant onze années. Ensuite, je suis promu Chef d'Etablissement au titre de Directeur du C.E.T. commercial du Tréport. Enfin, elle se prolonge de 1975 à 1993 pour s'achever au grade de Proviseur aux indices d'agrégé au Lycée du Golf à Dieppe. Un parcours tout à fait atypique où le sérieux dans les études, mon travail créatif permanent, ma disponibilité près des jeunes et la ténacité dans les efforts auront autorisé cette fulgurante réussite professionnelle ! Qu'elle puisse servir d'exemple à ceux et celles épris d'une même espérance et notamment près de ma descendance !

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Mon bureau de Chef de Travaux au C.E.T. Neufmesnil - Offranville

     En me retournant vers cette prodigieuse évolution de carrière..., qui aurait osé la pressentir ! En vérité, je pense principalement à tous mes perspicaces professeurs et Directeurs, dont les regrettés défunts Mrs Marcel Périmony et Michel Rémy. Une autre figure toujours bien vivante, en la personne de mon bon ami et Collègue Jean Dasnias, ne s'était pas trompé dans ses choix et l'assure de ma plus vive gratitude ! D'autres amis plus intimes ou me connaissant davantage sont à associer puisqu'ils eux-mêmes avaient eu le pressentiment de cette ascension professionnelle ! Que tous en soient sincèrement remerciés !

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