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LES PUBLICATIONS DE BERNARD MOREL
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LES PUBLICATIONS DE BERNARD MOREL
21 avril 2021

LE SOUVENIR FRANCAIS : LES HOMONYMES PIERRE MOREL

                                                       

                                                                 BERNARD MOREL

                                                             NOUVELLE  NOUVELLE

                                                                         ******   

                                               LA DESTINÉE

                                                       AUX MULTIPLES FACETTES …,

                                                                         °+°+°+°

                                                   DE TOUTES LES RÉUSSITES…,

                                                       AUX SUPERBES CLASSIQUES…,

                                                            JUSQU'AUX REDOUTABLES DRAMES !

                                                         *********

                        LE SOUVENIR FRANCAIS - DES HOMONYMES aux destins différents :

                    PIERRE MOREL (1923 - 2021) né à Saint Aubin du Cormier  (Ille et Vilaine)

                PIERRE MOREL (15 juillet 1894 - 06 avril 1915) né à Luneray (Seine Inférieure)

            Dans la dernière revue trimestrielle N° 522 du Souvenir Français, quelle était mon agréable plaisir d'y découvrir, en première page, l'excellent article retraçant la brillante carrière de Pierre MOREL dans la résistance et médaillé comme Grand - Croix de la Légion d'Honneur. A ce titre et compte tenu de son récent décès en janvier 2021, l'on ne peut que le complimenter, à titre posthume, pour son exceptionnel engagement au service de la France et d'une active carrière au profit de ses patients ! Divers hommages bien mérités lui ont été rendus tout au long de sa vie !

                                                  Le Second Pierre MOREL (1894 - 1915)                                                                                      est  mon oncle, le frère aîné de mon père Henri MOREL

            En dehors de leur homonymie parfaite, il n'y a rien qui peut les rassembler..., si ce n'est que leur devoir au service de la France.

            En effet, l'oncle Pierre que je n'ai jamais connu, mais dont mes parents m'ont fait une description précise de sa courte vie puisqu'il n'a vécu qu'une vingtaine d'années, s'est trouvé tué lors de la Première Guerre Mondiale. Un destin général bien réduit puisqu'il est mort au Champ d'Honneur pour la FRANCE ! C'est sa courte histoire que je souhaite développer, en mémoire de ce jeune normand où toutes les espérances d'une vie riche et harmonieuse lui étaient promises..., mais que le destin cruel lui a interdit ! C'est aussi en pensant à tous ses congénères inconnus qui subirent la même destinée au service de la France que je compte rendre un hommage sublime et appuyé !

            Tout commence réellement par la naissance respective de mon grand Père "Pierre MOREL" en 1858 et de ma grand Mère Victoria Pérouelle en 1860. La proximité de leur village fait qu'ils se rencontrent fréquemment et assurent leur union, comme il était de coutume vers la fin du XIXème siècle. Le couple s'active à diverses fonctions et de cette union une fratrie de quatre enfants verra le jour à partir de 1891 avec la naissance leur première fille Julia. Le second est un garçon qui les comble de bonheur en 1894 et comme le veut la tradition de l'époque, il est prénommé " Pierre MOREL ". Puis suivront deux autres naissances, une seconde fille en 1896 prénommée Louise et celle de mon père Octave - Henri à l'aube du XXème siècle, le 10 avril 1900.

            Certes, c'est une famille ouvrière très méritante et mon Grand Père Pierre désire assurément élever sa fratrie dans les meilleures conditions du moment. Lui-même exerce la profession de cantonnier sur les grandes voies nationales et son épouse Victoria travaille à la confection de diverses toiles sur des métiers à tisser, à même les habitations. Mais pour le couple, ils peinent beaucoup et aspirent à augmenter leurs salaires par l'achat de quelques hectares de terre pour créer une petite fermette..., à revenus. Bref, le projet s'envisage bien modeste à ses débuts, le temps de régler tous les achats attenants, mais les espoirs demeurent à terme par la volonté farouche du Grand père et sa détermination à tout faire pour réussir ! Alors que l'opération est sainement négociée et avec l'aide bienveillante d'un brillant cultivateur M. Lasseray du hameau voisin Gourel, la transaction d'achat du petit corps de ferme se trouve conclue en l'année 1913. Il n'y a plus qu'à travailler d'arrache pied pour payer toutes les dépenses et faire ensuite fructifier l'affaire. Durant la journée, il exerce dans son métier de cantonnier, puis le soir venu et très tardivement, il s'active à divers travaux agricoles de saison. Par ailleurs, sa méritante épouse déploie toute son énergie pour gérer la fermette du mieux possible. Elle assure toute la traite des quelques vaches, nourris leurs petits veaux, puis assure leur pâturage. Elle s'occupe de ses poules et canards et de tous les travaux ménagers que cela occasionne. Certes, l'enfant Pierre qui exerce par ailleurs dans l'agriculture et son frère Henri qui grandit, lui viennent en secours et en aide dès qu'ils le peuvent..., ce qui la soulage énormément !

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            Petit à petit, un rythme bien cohérent apparaît et toute la méritante famille s'en félicite. Il est vrai que leurs actions conjointes finissent par payer et laissent beaucoup d'espoirs pour l'avenir. Cependant et contrairement, les nouvelles des médias nationaux ne sont guère réjouissantes et des tensions guerrières ne cessent de se profiler au niveau européen ? Des nations distinctes s'unissent les unes contre d'autres en fonction de leurs appartenances politiciennes, économiques et des clans se forment et se regroupent en qualité de belligérants affirmés. En cette fin d'année 1913 et le début de l'année 1914, les tensions s'accentuent et des rivalités s'amplifient et s'accélèrent, puis de sérieuses menaces de conflits meurtriers pointes irrémédiablement. Le printemps 1914 ne fait que démontrer une évolution compromettante, puis l'été et la situation générale qui se dégrade se terminent au paroxysme de l'exaspération ! En effet, le 28 juin, l'on déplore l'assassinat de l'archiduc austro hongrois François - Ferdinand  et de son épouse à Sarajevo..., qui va devenir le principal mobile de la naissance de la Première Guerre mondiale. Le 28 juillet l'Allemagne déclare la guerre à la Russie, puis à la France le 03 août 1914. Ainsi, c'est l'embrasement de toute l'Europe dans un conflit armé généralisé.

            Déjà, le couple Pierre MOREL et sa fratrie redoutent les premiers affrontements guerriers à la tête des Etats concernés. Puis c'est au tour de la France de décréter l'ordre de mobilisation générale le 03 août et bien évidemment l'annonce est perçue avec pessimisme et inquiétudes accrues ! Les premiers mobilisés sont recrutés parmi la jeunesse et toute la famille redoute l'arrivée de l'acte de mobilisation de l'enfant chéri Pierre MOREL.                       

                                   Une jeunesse attachante qui va bientôt être sacrifiée !

             En attente de l'arrivée des gendarmes pour lui remettre son fascicule en mains propres, c'est un cruel déchirement qui se manifeste par toute la famille et qui va être douloureusement ressenti par sa maman Victoria. J'en connais toute sa très problématique et douloureuse histoire, tant mes parents Henri et Berthe me l'ont rapportée avec exactitude. Le récit est chronologique et c'est aussi avec une extrême désolation que je vais m'empresser de le conter le plus simplement possible !

            Pierre reçoit donc son ordre de mobilisation par les militaires et découvre qu'il doit rejoindre le 155ème Régiment d'Infanterie cantonné en Argonne. Dès le lendemain, il rejoint son affectation pour le Bois de la Gruerie situé ente Vienne le Château et Binarville où d'àpres combats meurtriers sont engagés contre les allemands depuis le début du conflit. La région du Grand EST de la France, aux confins des Ardennes, de la Meuse et de la Marne, représente une vaste étendue territoriale fortement boisée et reste par excellence propice aux manœuvres guerrières et conquérantes. Sa situation stratégique est donc importante et les armées belligérantes s'emploient à la conquérir le plus largement possible. Le soldat Pierre MOREL se trouve donc affecté dans cette région fortement convoitée et des attaques sanglantes et répétées se succèdent régulièrement pour conquérir la domination des territoires.

            Depuis son départ du début août, il n'a pu enregistrer que quelques rares et courtes permissions et il a du vivre son dernier Noël loin des siens et privé de leur affection. En Être très sensible et profondément humain, il en est cruellement peiné et en souffre considérablement. Durant cette période, la guerre ne fait que s'intensifier et des assauts successifs, de part et d'autre, ne font que se développer et  se répéter, pour parfois ne gagner que quelques mètres de terrain ! Néanmoins, des pertes en vie humaines sont à déplorer journellement dans chaque camp et, il est très étonné qu'il soit toujours en vie, confiera-t-il à ses parents au cours de régulières et chaleureuses correspondances et notamment celles du Nouvel An 1915.

            Toutefois, vers la fin février 1915 et le début mars, il obtient une permission de détente de dix jours pour venir se ressourcer dans la fermette familiale ! Il n'y croyait plus et sa joie est débordante de satisfaction lorsqu'il retrouve les siens et notamment son exceptionnelle maman Victoria..., toute en pleurs ! Ces dix jours lui permettent aussi de revoir sa petite amie Marie et leurs retrouvailles sont des plus amoureuses et très sincères. Mais le temps passe extrêmement vite et c'est déjà l'heure du départ. Avant de quitter les siens, il leur confie combien ces dix jours de détente ont été appréciés et les bons moments de quiétude, loin des âpres combats qui sont engagés sur le front de l'Est de la France.

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            Mes Grands parents et son frère cadet Henri l'accompagnent jusqu'à la gare ferroviaire de Luneray. Plusieurs soldats luneraysiens ont bénéficié d'une semblable permission et tous se rejoignent pour emprunter le chemin du retour jusqu'à Dieppe. Un dernier moment très douloureux et des embrassades prolongées près de sa mère et des siens assorties de chaudes larmes et c'est la cruelle et pénible séparation ! Dans le train qui les emmène vers Dieppe et, à peine les siens ont-ils disparus de sa vue que l'un de ses amis lui lance : " Pierre regarde bien les arbres et les prairies de notre verte campagne luneraysienne, car nous ne sommes pas sûrs de les revoir !" Etait-ce prémonitoire ou tout simplement que les risques étaient grands d'être gravement blessé ou tué, toujours est-il qu'il lui rétorque d'une voix rauque " Tu as raison Emile, j'ai comme le pressentiment que je ne les reverrai pas et de chaudes larmes perlent sur son visage !" Durant le trajet, ils évoquent leur belle et rayonnante cité normande et les regrets d'avoir à quitter leur attachante famille, la charmante petite amie et tous les sympathiques villageois bien connus !

            Bientôt, ils se séparent pour retrouver leur régiment respectif. Pierre MOREL rejoint le sien au 155ème R.I. cantonné en Argonne. Il revoit deux de ses bons camarades et tous trois renouvellent "un pacte" d'amitié indestructible afin d'informer leurs proches..., si d'aventure l'un d'eux se verrait tué ou gravement blessé au combat. C'est ainsi que leur contrat a été solidement respecté, car ils en ont réchappé et sont venus à Luneray, dès la fin des hostilités, pour rapporter le tragique décès de l'oncle Pierre à ses inconsolables parents et les terribles circonstances qui s'ensuivirent. C'est ce résumé qui n'a cessé de m'être rapporté que je vais m'employer à rapporter fidèlement et avec beaucoup d'émotion et de tristesse.

            Le militaire Pierre retrouve son casernement près du bois de la Gruerie dans la forêt de l'Argonne. Sa vie de tous les jours se trouve partagée entre le creusement de nouvelles tranchées en zigzag, puis la relève des unités combattantes épisodiquement. Par ailleurs, le vaillant soldat fait ses correspondances pour rassurer tous les proches et ne pas trop les inquiéter. Sur le terrain, les événements sont tout autres et les nombreuses pertes en vies humaines ne sont pas faites pour les rassurer. Ce sont des disparitions conséquentes qui ne cessent de progresser et qui les alarment terriblement. Le mois de mars touche à sa fin et les trois camarades de combat sont encore très heureux d'être en vie !

            Le 05 avril, ils reçoivent l'ordre d'assurer la relève des unités combattantes, épuisées après de durs assauts. Beaucoup de leurs camarades ont perdu la vie. De nouveau, Pierre est confronté aux armées de soldats allemands et de violentes attaques sanglantes se succèdent régulièrement pour la domination du territoire. De ces combats cruellement meurtriers (tranchées - fusils - baïonnettes, utilisation de gaz - éclats d'obus etc.) tous moyens guerriers pour conquérir ou défendre, se traduiront par des chiffres inimaginables de cruauté. C'est ainsi que durant la période comprise entre le 17 janvier et le 05 mai 1915, il faudra dénombrer 6.082 soldats français tués au combat, dont mon oncle Pierre MOREL, 10.636 blessés et 10.148 évacués vers l'arrière pour être soignés dans les hôpitaux.

            En cette journée du 05 avril aux aurores, c'est toute sa compagnie qui s'élance pour assurer la relève. Dès leur arrivée sur les hauteurs, son unité se positionne donc pour affronter l'agressif ennemi. Durant toute la bataille qui va les emmener jusqu'au lendemain, entrecoupée d'ardents combats rapprochés et des temps d'apaisements pour se reconstituer, tout se déroule dans des conditions d'un vacarme indescriptible. Aux crépitements des mitrailleuses ou à l'éclatement des obus et divers projectiles, les méritants poilus du 155ème R.I. résistent vaillamment et sans faiblir. Les pertes en homme sont considérables mais les trois copains en réchappent. Après plus de vingt-quatre heures d'épuisement, la relève est assurée par de nouvelles troupes. En ce 06 avril 1915, vers 11heures, l'ordre leur est donné de redescendre à l'arrière, en empruntant les tranchées boyaux qui serpentent en zigzag. Le retour au campement situé tout près de Vienne-le-Château s'effectue en rase campagne. Leurs corps se trouvent bien protégés mais leurs têtes dépassent légèrement les monticules de terre par endroits ! Ils se suivent en file indienne. Durant ce trajet retour, l'artillerie allemande ne cesse de pilonner les positions arrières des belligérants et des explosions se produisent, un peu partout à l'aveuglette. Soudainement, Pierre s'écroule mortellement blessé. Un éclat d'obus vient de lui sectionner sa carotide et la mort est instantanée. Ses deux camarades terrifiés le ramènent au camp de repos et sur ordre, l'enterrent dans le cimetière du village. Ils prennent soin de mettre tous ses papiers et sa gourmette portant son matricule militaire dans une bouteille pour permettre à ses proches de les retrouver après les hostilités ! Ils s'appliquent à la confection de sa tombe rudimentaire et en relèvent son emplacement.
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            A la fin de la guerre, les deux camarades rescapés et sains et saufs tiennent leur promesse. D'un commun accord, ils s'engagent à rendre visite à mes Grands-parents Pierre et Victoria terriblement éprouvés par l'immense chagrin de la perte de leurs fils Pierre. Dans leur récit, ils les informent sur la tragédie et s'efforcent d'atténuer leur peine en leur signalant que leur camarade de combat n'avait pas souffert, car sa mort a été immédiate. Ils terminent l'évocation de cette tragédie en les réconfortant le mieux possible, puis les informent utilement sur les lieux du drame et du cimetière dans lequel ils l'ont soigneusement inhumé. Ses parents meurtris par la douleur leur assurent le couvert et ils continuent la discussion. Au cours du repas et bien qu'ébranlés et attristés, les hôtes évoquent leur décision à se rendre dans cette région de l'Aisne pour mieux comprendre les raisons de la mort de leur fils adulé et le cas échéant, d'entreprendre les démarches de rapatriement de ses ossements pour les enterrer dans le cimetière de sa commune Luneray. Ils remercient ses deux camarades pour leur intervention et toutes les informations qui leur seront utiles sur place et se quittent dans une peine partagée.

            Très peu de temps après, le Grand père Pierre en homme habile et actif, a entrepris les utiles démarches. Dès lors, le couple part  en train pour rejoindre Vienne-le-Château. Dès leur arrivée en lieux inconnus, ils se mettent à la recherche de dialogues avec la population locale. Très vite, les autochtones s'efforcent de les renseigner le mieux possible ainsi que les autorités municipales. Cependant et lors des premiers échanges, ils les alertent que leur village a subi d'énormes destructions et que leur cimetière est quasiment inexistant ! En entendant leurs propos déconcertants, leur détermination est de s'y rendre rapidement. Leur première préoccupation est donc de se rendre dans le cimetière à la recherche de ladite tombe de leur fils. A l''aide des documents et dessins remis par ses copains, ils sont conscients qu'ils vont pouvoir se recueillir sur sa précaire tombe, vieille de plus de trois ans et demi ou peut-être inexistante après ses répétitifs carnages sur les terrains ? Très rapidement et à la vue de ce qui reste du cimetière et des informations des habitants, tous deux constatent que ce n'est plus qu'un champ de ruines, "transformé en labourages boueux sur toute son étendue" ! Il leur est rapporté qu'il a été pris par les Allemands par trois fois et repris par l'armée française. Ainsi, les âpres combats l'ont irrémédiablement transformé dans l'état piteux actuel et toutes les tombes se sont trouvées totalement détruites pour la plupart d'entre elles ! Ils continuent malgré tout leur recherche en quête de retrouver sa gourmette ou autre papier révélateur, mais en reviendront profondément déçus après leurs différents périples autour du Bois de la Gruerie. Un voyage sur les lieux de leur cher disparu qui les aura marqué et qui apaisera, tant soit peu, leur permanent chagrin, mais qui se solde négativement. Néanmoins, il les affectera encore davantage puisque le soldat Pierre MOREL ne sera jamais reconnu comme tel et qu'il sera porté au compte des "Soldats Inconnus Morts pour la France ! " De retour sur Luneray, ce sont deux êtres profondément meurtris et qui le resteront durant leur vie toute entière.

            L'évocation de ce douloureux récit et son amer aboutissement en une véritable tragédie pour Pierre et Victoria, ont également pour mission de faire ressurgir d'autres drames tous aussi similaires qui se sont produits sur tout le territoire national durant cette atroce Première Guerre mondiale. De même, de multiples et centaines de milliers de familles ont été endeuillées à travers la France, voire de plusieurs fils par famille pour de nombreuses d'entre elles ! C'est en hommage et reconnaissance à leur mémoire que je me fais un indéniable devoir de les rapporter car c'est du prix de leur vie au Salut de la France qu'Ils méritent toute notre gratitude à tout jamais !

              Toutefois, le Grand père Pierre MOREL continue son combat inlassablement afin que le nom de son fils Pierre MOREL, tombé au Champ d'Honneur pour la défense de sa Patrie, soit gravé sur la stèle du Monument aux Morts  avec l'épitaphe suivante :                                                                    AUX ENFANTS DE LUNERAY MORTS POUR LA FRANCE  -  1914 - 1918                               Enfant de la Nation et natif de sa commune de Luneray le 15 juillet 1894 sous l'acte de naissance de Pierre Henri MOREL et mort dans sa vingt et unième année, je ne peux m'empêcher de penser à sa jeunesse sacrifiée ! Non seulement il a fait le don de sa jeune personne à la France pour la noble cause de nous assurer la Paix et la Liberté, mais le carnage et les atrocités de cette déplorable Première Guerre ne lui ont même pas permis de reposer en Paix ! Chaque fois que je passe devant ce Monument aux Morts de Luneray, je ne peux oublier cet homme méconnu et lui adresse mes plus chaleureuses pensées pour qu'il repose bien en paix, comme les quelque 1.390.000 pertes humaines, civiles et militaires français, disparues au cours de la Première Guerre mondiale 1914 – 1918.

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            A présent nous sommes à l'orée de l'année 1919, avec la paix retrouvée et les multiples blessures à panser et les constructions à rebâtir. Par ailleurs, les préoccupations des autorités sont de faire ériger ces Monuments aux Morts sur lesquels seront fixés les noms de tous ces vaillants soldats, Morts au Champ d'd'Honneur en reconnaissance du don de leur vie ! 

            A nouveau et malgré l'incommensurable douleur de mon Grand père Pierre et de son épouse, sa  farouche ténacité l'amène encore à se préoccuper de l'élévation de celui de Luneray. Il souhaite s'associer aux réunions pour choisir le meilleur emplacement  possible dans la petite et charmante commune normande dans laquelle son fils défunt aimait tant s'épanouir en toutes saisons. Puis en catholique pratiquant; il entreprend des démarches près des édiles et des représentants du clergé (curé et pasteur) pour que le Monument soit béni le jour de son inauguration ! Ainsi, il consacrera beaucoup de ses soirées, avec quelques complices, à parcourir toutes les habitations luneraysiennes à la recherche de signatures pour authentifier cet acte de bénédiction si d'aventure ils étaient majoritaires. Ce sera chose faite car la plupart ont répondu favorablement. Au cours de leurs démarches, ils ont profité également  pour s'associer et participer à la collecte de la souscription des habitants pour la construction d'un beau et élégant Monument aux Morts. La souscription totale s'est définie ainsi :                                                                                                             Souscription de la population              =          18.755 francs                                                Subvention de la commune                  =            2.000    id°                                                     Subvention de l'Etat                           =               240   id°

            Enfin le 9 octobre 1921, les autorités civiles et religieuses ainsi qu'une vaste population de la Commune de Luneray s'unissaient dans un même esprit de reconnaissance envers les 68 Enfants du village qui payèrent de leur vie ce désastreux conflit guerrier de 1914 – 1918. Mon Grand père se tenait dignement durant toute la cérémonie, mais la Grand-mère Victoria avait jugé bon de rester chez elle, en toute discrétion. Depuis cette terrible date du 06 avril 1915 jusqu'à sa mort le 01 octobre 1928, elle n'a cessé de penser et prier pour son cher Enfant disparu tragiquement par la guerre ! Il en fut de même pour mon  Grand père Pierre, mais sa force de caractère l'a ardemment aidé à souffrir en silence. Tous deux sont enterrés dans le cimetière de Luneray et, leur Petit fils Bernard – Pierre – Henri n'a cessé d'entretenir et de fleurir leur tombe qui se trouve parfaitement entretenue depuis sa mort survenue le 21 mars 1936…, jusqu'à ce jour !

            Profondément blessé dans mes chairs par les multiples récits de mes Parents, j'ai assurément le sentiment d'avoir aimé et adulé  mon oncle Pierre, sans avoir eu le bonheur de le connaître un instant ! J'ai comme une évidence, voire la certitude qu'il ressemblait à son Papa, sa maman, son frère Henri…, mon adorable père et qu'il ne pouvait n'être qu'un merveilleux jeune homme..., tant il leur ressemblait étrangement ! C'est cette vision qui me reste en permanence à l'aide de la seule photo que je possède !

                 

         Bernard MOREL – Ecrivain et descendant de cette belle famille.     Le 25 mai 2021

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               Maison achetée en 1913 par mes Grands parents MOREL et sise au Ronchay,

                        hameau de Luneray, puis restaurée par mes  soins durant 40 ans !         

 

                                                    

 

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