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LES PUBLICATIONS DE BERNARD MOREL
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LES PUBLICATIONS DE BERNARD MOREL
9 novembre 2008

ANNIVERSAIRE ACCIDENT

DOULOUREUX ACCIDENT DE VOITURE EN 1958

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Il est des dates qui marquent nos esprits. Celle du 9 novembre en est une puisqu'elle sanctionne la disparition d'un "Grand Homme", le décès du Général de Gaulle. La mort brutale faisait son oeuvre le 9.11.1970 en soirée, voici tout juste 38 ans ! - " Ces chênes que l'on abat " comme l'imageait si bien le caricaturiste Jacques Faizant dans sa chronique quotidienne du Figaro pour annoncer la nouvelle aux lecteurs.

De façon toute symbolique, un drame personnel s'était produit douze ans plus tôt, le 9 novembre 1958. C'était également un dimanche automnal, bien agréable et doux. En effet, un grave accident de la route avait failli me coûter la vie ! En cette triste date anniversaire du 9 novembre 2008, je suis habité par de pénibles souvenirs. Cela fait donc cinquante ans et le souvenir persiste et demeure. Cinquante ans de survie devrais-je dire puisque le sort en a décidé ainsi, mais il aurait pu en être autrement tant la lutte apparaissait bien inégale entre "un pot de fer contre un pot de terre" ? En voici le récit très synthétique, certes pour retracer l'événement mais surtout pour affirmer toutes ces années de bonheur qui se sont écoulées par la suite.

Jeunes mariés depuis quinze mois, nous goûtons à une lune de miel qui se prolonge. Récemment, ma femme Colette a été opérée de son appendice. Afin de lui permettre de se remettre au plus vite,  elle prend quelques jours de convalescence chez ses parents à Brachy. De mon côté, je profite du sympathique marché dominical de Luneray pour aller faire quelques courses de réapprovisionnement. Au retour, un nécessaire petit bonjour à ma brave maman, me permet de voir sa soeur, tante Edith que j'apprécie beaucoup. L'on s'attarde quelques minutes à évoquer les bons souvenirs de jeunesse.

Vers 13 heures, je rentre avec ma mobylette en parfait état de marche.  Elle est étincelante car je l'avais restaurée à neuf chez mes amis "Les frères Larchevêque" au cours des grandes vacances d'été. A une intersection de quatre voies et alors que j'étais prioritaire, je sui victime d'un terrible accrochage avec Mme Ouvry. Cette brave dame que nous connaissons bien et estimons est une luneraysienne appréciée. Elle a obtenu son permis de conduire avec difficulté et n'est pas très assurée dans son pilotage. Elle me refuse la priorité et me percute par l'avant. C'est le choc inévitable et je suis projeté sur le montant du pare-brise avant, pour me retrouver groggy au sol. Elle n'arrête sa voiture qu'une dizaine de mètres plus loin. Le beau vélomoteur n'est plus qu'une épave gisant sur la chaussée. L'effroyable collision a fait sortir les voisins. Mon ami Robert Biville se précipite pour me porter secours. Il examine ma blessure entre les arcades et s'efforce d'arrêter le sang qui gicle et m'ensanglante le visage. Je retrouve mes esprits et m'évertue à faire quelques mouvements de toutes parts pour m'assurer que l'essentiel fonctionne bien et qu'il n'y a pas de fracture apparente.

De son côté, Mme Ouvry est apeurée à la vue de ma pitoyable position et s'efforce de se rassurer. C'est vrai que je suis sa septième victime à divers titres (accrochages- renversements de piétons - accidents - chocs à l'arrière en reculant etc.) et qu'elle s'interroge sérieusement. Par ailleurs, elle me connaît bien et m'estime beaucoup. Très vite, elle se ressaisit et me propose de m'emmener chez mon docteur traitant. A l'époque, les constats ne sont pas de rigueur et je n'ai qu'une hâte d'être examiné pour me rassurer au plus vite. J'accepte donc et ai une chance inouïe car le docteur Jacques Laffilé est chez lui. Avec lucidité, je demande que l'on avertisse ma femme au plus vite et ma famille.

Le docteur est un bon ami et il m'examine attentivement. Il ne trouve rien d'anormal sur le corps si ce n'est que de nombreuses contusions. - "Rien n'est cassé mon cher Bernard et tu t'en tires bien s'exclame-t-il !" Voyons à présent ta cicatrice. Rien de grave, mais elle mérite quelques points de suture. - "Sais qu'il t'en restera de petites traces". En revanche, ton pauvre nez est cassé et il va te falloir le faire mècher. Dès demain, tu iras voir un de mes collègues dieppois qui effectuera ce travail. Mon cher Bernard, je veux te rassurer car mon diagnostic est formel..., il n'y rien de grave et après quelques jours de repos, tu pourras reprendre ton poste de professeur. Ma famille  informée, ma soeur Anne Marie accompagne ma mère et toutes deux inquiètent, se renseignent près du médecin. Il leur confirme son diagnostic et ajoute : "il l'a échappée belle" mais ça va aller ! C'est vrai que ma souplesse sportive d'alors et un réflexe approprié ont contribué à éviter le pire. En effet, lorsque j'ai vu surgir la voiture et perçu l'inévitable catastrophe, je n'ai eu de cesse de protéger ma tête. A cette époque le casque n'existait pas ou peu et son port n'était pas obligatoire. En une fraction de seconde, j'ai porté mes deux bras à sa hauteur ce qui a eu pour effet d'amortir le choc. Seules, la proéminence du nez et sa partie supérieure entre les deux arcades se trouvaient vulnérables. Ce sont ces réflexes et leur rapidité qui m'ont sauvé d'une mort certaine ou empêcher des blessures d'une extrême gravité. Dieu soit loué, car je revenais de très loin.

De retour près de mon épouse avec un visage tout enveloppé, ce fut la stupeur ! Bien vite je la rassurais par des propos appropriés. Dès lors, la nouvelle faisait le tour de la commune de Luneray et j'en informais le C.P.A de Neufmesnil dès le lendemain matin. Très vite de nombreux messages de sympathie me parvenaient, et des visites me réconfortaient. Celle de mon directeur M. Rémy m'a beaucoup touché. Au cours de notre convalescence et parmi les échanges, l'achat d'un nouveau vélomoteur était avancé pour reprendre mon travail et assurer mes déplacements. La période hivernale se profilait avec tout ce qu'elle amène d'intempéries. M. Rémy argumente qu'il serait préférable de nous orienter sur l'achat d'une petite voiture d'occasion. Nous-mêmes l'avions projeté et recevoir son point de vue ne faisait que renforcer nos certitudes. Nos familles respectives renchérissaient pour cette option. C'est ainsi que très rapidement, nous nous mettions en quête de la perle rare, pour la dénicher chez mon bon ami de jeunesse Claude Hamen. Il souhaitait se séparer de sa 2CV Citroën pour en acheter une plus puissante. Une très belle voiture en parfait état et d'une propreté extrême qui nous a séduit spontanément. Le marché fut conclut sur le champ, pour en prendre livraison le vendredi soir 21 novembre 1958. A l'usage, elle devait s'avérer très utile et nous ne regrettons jamais l'achat de notre première voiture !

Voiture_2_CV

Colette au volant de notre première 2 CV Citroën

Aujourd'hui, soit cinquante ans après, combien je remercie le ciel de m'avoir épargné et d'être encore en vie ! Comme le précise si bien Jean Ferrat dans sa sublime chanson : "Que c'est beau la vie ", je la fredonne souvent, tant elle correspond à ce que je ressens depuis ce tragique accident. - Cinquante années de véritable bonheur, à plus d'un titre, que j'apprécie chaque jour qui passe.   

En effet et outre les vicissitudes de la vie, ses joies et ses peines communes à chacun de nous ; je pense pourvoir affirmer avoir connu le "véritable bonheur" sur les plans : familial, professionnel et culturel. 

Au niveau familial et au risque de me répéter, ça s'est traduit par la charmante compagnie d'une attachante et gentille épouse qui à partager le pire, comme le meilleur de notre vie commune. De notre union devaient naître trois ravissantes fillettes Maryse, Isabelle et Anne. Elles-mêmes par de sérieuses et brillantes études ont su nous donner entière satisfaction. Accédant toutes trois à la noble fonction de "Professeur des écoles", elles ont su s'investir dans leurs écoles comme sur le plan familial en nous offrant neuf adorables Petits Enfants. A leur tour, chacun(e) d'eux s'efforcent de marcher sur les traces de leurs prédécesseurs et en sont notre fierté.

Sur le plan professionnel, je n'ai qu'à me réjouir de ma fulgurante progression linéaire. C'est vrai qu'ayant commencé par une fonction de mécanicien d'entretien à l'aide de mes C.A.P de Tourneur - Ajusteur en 1949 et achever ma carrière au titre de Proviseur aux indices d'agrégé en 1993, se passe de tous commentaires superflus ! Sérieux, travail, opiniâtreté, persévérance et réussite restent les mots clés semble-t-il !

A titre de l'enrichissement culturel, ma vie n'aura été que celle d'un passionné avide de tout savoir et de tout connaître. Je remercie encore le ciel d'avoir suscité chez moi l'éveil et la curiosité sur toutes les choses de la vie. Découvrir, s'initier, apprendre et comprendre tout ce qui nous entoure, la nature humaine comme les beautés de Dame nature, auront assurément été au coeur de mes préoccupations. Parcourir le monde, visiter ses plus beaux sites et pénétrer ces peuples qui le composent pour mieux les connaître resteront parmi mes soucis de tous les instants.

En résumé, je mesure l'immense chance d'avoir survécu à ce jour tragique du 9 novembre 1958, pour avoir pu vivre intensément ce que je viens de décrire avec beaucoup d'émotion et de sincérité. Merci la vie ! 

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Commentaires
M
J'ai lu attentivement le récit de ton accident raconté avec moult détails, que je ne connaissais pas ou avais oublié!<br /> <br /> maryse
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J
cher Bernard,<br /> j'ai découvert votre blog !<br /> félicitations pour vos articles.<br /> amicalement JC
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I
Eh bien, je ne savais pas la date de ton accident ... voilà chose faite .J'en ai toujours entendu parlé mais je n'aurais pas su le situer dans le temps .<br /> Isabelle
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