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LES PUBLICATIONS DE BERNARD MOREL
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LES PUBLICATIONS DE BERNARD MOREL
2 janvier 2009

CINQUANTE ANS DÉJA

 

CINQUANTE ANS DÉJÀ !

LES FONDATIONS DE NOTRE PREMIÈRE MAISON

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Il est des dates qui marquent profondément une existence. Celle du 02 janvier 1959 reste gravée à tout jamais dans nos esprits. Alors que nous avions festoyé modérément la veille pour marquer la naissance de la Nouvelle Année, mes préoccupations s’étaient portées davantage sur l’organisation matérielle du lendemain.

 

En effet, voici dix huit mois que nous sommes mariés et si nous prolongeons notre lune de miel, notre souci reste de faire construire pour abriter notre foyer de façon indépendante. C’est vrai que nous sommes logés gratuitement par M. Démarais, maire de la commune de Luneray, au titre de footballeur de l’équipe fanion, mais notre désir avoué est d’en finir au plus vite par la construction d’une petite maison.

 

Colette_24_ans

Notre première habitation à titre gracieux.

 

Quelques mois auparavant, nous avions saisi l’occasion pour acquérir un terrain de 1000 m2 en plein centre de Luneray. A cette fin, un prêt de 1.800 (anciens francs) nous avait été consenti de façon substantielle et rembousable sur dix ans. Des démarches étaient entreprises près de M. Pierre Villon pour nous établir un plan de maison en toute simplicité. Dès lors, le permis de construire déposé à la DDE était facilement obtenu. Cependant, à l’appui du dossier, la demande d’un prêt de 1.450.000 (anciens francs) se voyait sérieusement amputée par le Crédit Foncier de France, pour prétexte de jouir de deux salaires à travailler tous les deux. Le crédit accordé se soldait donc sur la base de 1.100.000 (anciens francs), y compris les frais de notariat. A titre de comparaison, deux ans après, cette somme représentait 11.000 nouveaux francs et à ce jour quelques 1.677 euros ? Bien entendu, nos précaires salaires et nos modestes économies ne nous permettaient pas d’envisager la construction dans sa globalité. Toutefois, après de savants calculs, l’ensemble des ressources associées audit prêt constituaient exactement l’apport nécessaire pour réaliser le gros œuvre, la charpente et la menuiserie ainsi que la couverture.

 

Le constat s’impose de lui-même, il nous faut sacrifier radicalement la cave, le garage, le chauffage central, les chambres à l’étage, les clôtures, les abords et les plantations ! Des travaux que j’exécuterai seul par la suite, ou avec l’aide de quelques rares amis et notamment pour les manipulations de gros matériels ou lourdes charges. Des travaux qui ne pourront se réaliser que progressivement en y consacrant beaucoup de mes soirées, tous mes dimanches et toutes mes vacances. Le financement des matériaux ne sera autorisé que par des prêts à court terme de trois personnes de notre environnement familial : Ma brave mère Berthe, notre attachante tante Marcelle et mon beau-frère Christian. Chacun sera remboursé en temps et en heure, aux prix de nombreux sacrifices momentanés. A tous trois, je veux encore leur rendre un hommage appuyé, à titre posthume. Oui, nous avons vécu une période de "vaches maigres" durant quelques années, dont les stigmates n’ont pu disparaître que bien longtemps après !

 

Les travaux de coulage des fondations en ce vendredi 02 janvier 1959

           En accord avec le compréhensif entrepreneur de maçonnerie M. Emile Clémence, j’exécuterai les fondations de notre maison et plus tard le garage accolé sur la partie Est. Je me suis donc fait livrer les matériaux nécessaires pour le coulage des fondations. Avec la complaisance de notre futur voisin, le brave homme M. Samuel Boullen, j’ai pu entreposer les sacs de ciment sous sa remise afin de les mettre à l’abri. Les immenses tas de sable et de gravillons ont été déposés à proximité de la route pour éviter de longues manipulations. Les armatures en fer à béton jonchent le sol à proximité de la zone de remplissage.

            Auparavant, durant mes vacances de Noël, j’ai creusé à la bêche toutes les fondations conformément au tracé effectué par M. Roger Cordonnier, chef de chantier et sous le contrôle de l’entrepreneur. Afin d’assurer le nivellement de la terre extraite, je l’ai répartie tout autour de la future maison. Tout est fin prêt et les travaux de terrassement se sont effectués par temps froid et sec.

            Pourtant, en ce Nouvel An 1959, la météo est changeante et les prévisions ne sont guère optimistes pour le lendemain. Des chutes de neige sont mêmes envisagées par les météorologues locaux. Mon inquiétude grandit d’autant que de nombreux amis m’ont assuré de leur soutien. Tous font le pont et se trouvent donc disponibles. Citer leur mémoire est plus qu’un devoir, tant ils m’ont témoigné d’une vraie fraternité rarement égalée. Au nombre d’entre eux, ce sont Mrs René Lamaille, Marcel Blondel, Claude Delmarre, Daniel Leclerc et les frères Boullen Jacques, Philippe et Paul ! Je leur ai demandé de venir aux aurores afin de terminer les travaux pas très tardivement.

            Préoccupé pour que tout ce chantier se passe dans les meilleures conditions, je me réveille de bonne heure. Or, qu’elle n’est pas ma surprise en découvrant la neige au sol ! Décontenancé, je devine que tous mes projets tombent à l’eau. Pourtant, bien vite je me précipite sur les lieux pour vérifier l’état des sacs de ciment. Il fait encore bien nuit et un précieux réverbère m’éclaire correctement. Déjà les premiers partenaires arrivent pour échanger courtoisement en vœux de bonne Année. Bien vite, ils restent dubitatifs sur nos chances d’entreprendre le chantier, tant l’épaisseur de neige atteint les dix centimètres. De concertations en échanges, voire en propos humoristiques de la part de l’oncle René, le temps avance et le jour apparaît. La neige a cessé de tomber et nous entrevoyons cela comme quelque chose d’encourageant. Bientôt, le top est donné pour un démarrage du chantier.

            Chacun connaît son rôle et s’en acquitte parfaitement. Les pelles sont manipulées avec dextérité et tournoient allégrement pour délayer le béton. Le ciment est apporté sur des brouettes, tandis que d’autres transportent le produit fini pour assurer le remplissage des fondations. De mon côté, je suis à la réception du béton et m’applique à déposer les armures en ferraille et à répartir uniformément le contenu de chaque brouette. Tout est scrupuleusement synchronisé, ce qui fait qu’il n’y a pas de temps mort. C’est admirable à voir et déjà certains passants se complaisent à nous féliciter pour cette ardeur au travail, dans des conditions climatiques déplorables. Un break s’effectue vers 10 heures pour reprendre des forces. Tout le monde s’agglutine sous la remise pour goûter à quelques précieuses minutes. Quelques flocons de neige voltigent encore un peu, mais perdent en intensité. De bons casse-croûtes au pâté et saucisson ou au fromage satisfont les appétits. De la bière désaltère les pépies asséchées. Enfin, le fameux "jambinet" alliage de café et d’eau de vie, est pris avec modération et revigore les énergies pour reprendre le travail. Cette petite pause salvatrice redonne du tonus à la vaillante équipe. Pourtant, les brouettes ne peuvent plus rouler dans ce conglomérat de boue pour rejoindre leur destination et dès lors, leur transport est assuré à bras d’homme. Un travail inhumain, de forçat devrais-je dire, mais que chacun s’applique à faire pour finir le chantier.

            A 13h30, c’est la fin de l’audacieuse aventure à la totale satisfaction des huit méritants participants. L'on couvre en surface le béton nivelé à l'aide des sacs vides de ciment, pour le protéger des intempéries. D'autres s'affairent au nettoyage des outils, des matériels et de la partie de route sur laquelle s'est opéré la fabrication du béton. Enfin, c'est le ouf de soulagement avant de se retrouver autour d'une bonne table pour satisfaire les appétits.

 

Un copieux déjeuner rassemble toute les valeureux amis dans la maison paternelle. Colette s’est appliquée à concocter un menu de qualité avec le concours de ma mère et de mes sœurs. Chacun évoque l’éprouvante matinée et souligne sa farouche détermination pour mener à bien ce chantier à l’égard de l’ami Bernard et de son épouse. De joyeux échanges égaient l’atmosphère. Au travers de l’en d’eux, il est évoqué la seule désobligeante réflexion d’un voisin très acariâtre. En effet et devant les conditions climatiques déplorables, les préposés au béton ont finalement débordé partiellement sur la route pour faciliter leur ingrate tâche ! D’un ton humoristique, René évoque l’incident et sa pertinente réplique, toute en finesse, à l'égard de ce mauvais coucheur. Des rires fusent et une certaine raillerie apparaît d’autant que l’homme en question avait exercé comme maçon tout au long de sa vie ! Il va de soi que la rue avait retrouvé toute sa fraîcheur par un nettoyage approprié, avant de clôturer le chantier. Le repas se prolonge car personne n'est empressé de se quitter. Des enveloppes de gratitude ont été préparées pour chacun d'eux et lorsqu'ils en découvrent le contenu, expriment leur vive reconnaissance de façon unanime !

 

Maison_Luneray_c_t__garage

Les constructions du garage et de la cave en dessous

ont été réalisées par mes soins

 

Maison_de_Luneray_en_couleur

Notre maison telle qu'elle apparaît sept ans après

avec les chambres de nos trois filles à l'étage.

Comme les chambres, les abords et les pelouses sont mes réalisations.

 

En ce jour anniversaire, soit cinquante ans après, Colette et moi revivons cette mémorable journée à la fois éprouvante et si significative sur les espérances qu'elle suscitait ! En effet, en le dimanche 1er août 1959, nous en prenions définitivement possession ! Un déménagement entrepris par nous-mêmes avec le concours des semblables amis nous permettait de nous installer, sinon confortablement puisque beaucoup de choses restaient à faire ; mais très agréablement, dans des pièces largement claires et aérées, très propres et spacieuses.

 

Tout juste deux après notre mariage du 29 juillet 1957, quel plus beau cadeau pouvais-je offrir de mieux à ma charmante épouse Colette ! Au final, nous l'aurons habité durant seize années jusqu'aux grandes vacances de 1975. En effet, à cette date, c'est ma promotion à la fonction de Chef d'Etablissement au C.E.T. Commercial du Tréport, et la présence d'un logement de fonction de qualité, qui mettra fin à son occupation. C'est avec un sérieux vague à l'âme, beaucoup d'amertume, voire de profonds regrets, que nous la quitterons, tant nous y étions attachés et tant nous l'affectionnions pleinement. Pourtant et durant une année, nous la garderons pour nous permettre d'y revenir au cours des week-ends et notamment durant toutes les vacances scolaires. Ensuite, sa mise en location s'avérera necessaire et compte tenu de la pénurie des logements, nous n'aurons que l'embarras du choix ! Depuis plus de quarante ans, de bons locataires se sont succèdé à notre totale satisfaction, à l'exception d'un seul qui nous a créé beaucoup de soucis ?

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Commentaires
J
j'ai pu voir que vous possédiez une superbe 404 blanche ! que de souvenirs pour moi ! mon père en avait une bleue ciel que nous avons gardé jusqu'en 1974 !
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M
Voici encore un reportage richement étayé d'anecdotes! Bravo pour cette précision métuleuse!<br /> <br /> Bises<br /> <br /> maryse
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I
C'est toujours sympa de voir des photos de notre maison d'enfance...surtout que je ne connaissais pas celle en noir et blanc !Que de souvenirs pour Colette et toi ...
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